[Background] Ardence

Bien qu'allongée pour la première fois depuis des jours dans un lit douillet, le corps envahi par la douce chaleur d'un endredon de plume, Ardence n'arrive pourtant pas à trouver le sommeil. Dans sa tête s'emmelent les souvenirs, ceux de son errance après son reveil dans les décombres de Lune d'Argent, ceux, plus heureux, des retrouvailles ce jour même avec les membres de sa famille. Elle se souvient.

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Elle se souvient de son enfance, du rire de sa soeur de lait Shaelys se mélangeant au sien, de la buée se formant sur les vitres lors de ses longues heures d'études avec ses précepteurs - Bien qu'élevée loin de sa famille, Ardence a en effet reçu l'éducation morale, intellectuelle et physique conforme à son rang - Elle se souvient des visites de sa mère, de son odeur de parfum mais aussi du dernier repas familial. Elle entend sa cousine Verdrey, assise à côté d'elle, qui lui remémore la généalogie familiale : "Ta mère Feania est la fille de Camthalion, Camthalion est le frère d'Aroshal et de Diom. Mon père Belior est le fils d'Aroshal, je suis donc - un regard scruptateur plus tard - fais attention tu as tes coudes sur la table ! Ce n'est pas dans les manières d'une dame de la famille ! Qui est ton précepteur ?"

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Ardence sourit et laisse sa mémoire reprendre sa dérive dans ce passé, résidu d'une ère révolue, aujourd'hui détruite par le fléau.

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A travers la brume des souvenirs d'Ardence, le fléau c'est cette angoisse qui se creuse sur les visages de tous les habitants de Lune d'Argent alors qu'elle vient de commencer son apprentissage auprès du grand maître démoniste Delthion.
Le fléau c'est cette vague qui s'abat sur la ville, brisant les murailles et semant mort et désolation. Tout autour d'elle et Delthion n'est que cri et chocs sourds de lutte et de corps qui s'écroulent. Un mort vivant est abattu que dix prennent sa place et bientôt, elle et Delthion, encerclés, sont obligés de cesser la lutte pour se réfugier dans le laboratoire d'alchimie. Les murs tremblent sous les assaults de l'ennemi. La situation semble perdue. Delthion lève les mains au ciel comme pour lancer une dernière prière et un globe de lumière enveloppe soudain Ardence. C'est le noir...
Ce sont des bruits étranges qui tirent Ardence de son inconscience et elle met quelques instants avant de réaliser qu'ils proviennent d'une sorte d'elfe qui aurait perdu toute la beauté de sa race et qui - et c'est là le plus étrange - la hume profondément.
Cette créature c'est un gamin deshérité mais cela Ardence ne le sait pas encore tout comme elle ne sait pas (mais elle va le découvrir très vite) que cinq ans se sont écoulés depuis sa chute dans l'inconscience. Dans quelques instants, elle va appercevoir le cadavre de Delthion à côté d'elle et se remémorer les circonstances de son "évanouissement". Son cri d'effroi va apeurer la créature qui va s'enfuir lui permettant de s'extraire péniblement de son linceuil de pierre.
Puis il y aura l'errance au milieu de cette crevasse béante et noircie par le combat, la découverte que Lune d'Argent a été rebatie et enfin, il y a seulement quelques heures, au détour d'une rue, la vision du visage de Verdrey. Verdrey qui lui annonce que nombre des membres de sa famille ont survécu et la réintroduit auprès de ceux de son sang.

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Ardence fronce ses sourcils et, secouant l'épaisse crinière rousse qui lui a valu son prénom, stoppe l'afflux de ses souvenirs. Il n'est plus temps de songer au passé mais, en digne enfant de la maison Saen'Thalas, portée par les murmures vengeurs des absents, de reconstruire une ère dont le tabard de sa famille sera l'étendard.

Un sourire amer flotte sur son visage gracieux lorsque, fermant ses yeux d'un vert emeraude, elle s'endort enfin[b]

Lorsque Ardence sort de l'Auberge de la famille Saen'Thalas, troublée par les paroles de Solania, elle se sent soudain prise de vertiges et s'assoit, tremblante, sur le premier banc qu'elle trouve. Trop de sombres nouvelles, trop d'étranges découvertes....

Il y a d'abord eu la confirmation par Diöm de ce qu'elle redoutait, sa mère Feonia est considérée comme morte, n'ayant pas donnée trace de vie depuis l'attaque du fléau. Elle qui n'a jamais connu son père est donc aujourd'hui orpheline de mère.

C'est cette nouvelle, ajoutée à son envie de se rendre utile, qui la poussent à partir à la découverte du monde dont elle a été coupée sans avoir eu le temps de le parcourir. Et elle découvre vite qu'il y a peu d'endroits sûrs en dehors de Lune d'Argent et du manoir de la famille.
Sur les routes, on l'appele souvent à l'aide en la voyant marcher sans crainte. Bien que souvent seule, elle se méle aussi à des groupes de voyageurs et se fait quelques compagnons de route. Il y a notamment Njall le tauren, qui se présente curieusement à elle en lui disant avoir "vu" qu'il devait l'aider. Et si son aspect peu engageant la rend d'abord méfiante, elle se prend d'une certaine affectation pour cette créature frustre mais simple et riante sur qui les sombres jours que leur monde vit semblent glisser.

Mais sans nul doute, la rencontre la plus étrange qu'Ardence fait est celle de Sievskoï.
Ardence était alors devant Sombrecroc, et ayant mesuré le péril de ce lieu, se reposait avant de proposer son aide aux compagnons de route qui se présenteraient. C'est une demande qu'elle n'eut pas à faire. Un Sin'Doreï borgne, portant le tabard de la famille, s'approcha d'elle et lui demanda si elle n'était pas une Saen'Thalas. Surprise, elle regarda curieusement l'inconnu en lui demandant pourquoi il lui posait cette question. Il lui répondit qu'elle avait les traits de la famille et alors qu'ils conversaient lui proposa de l'accompagner. Cette homme était fort, il écartait les ennemis un à un, presque sans effort, et Ardence put aussi constater à quel point il était bizarre.
Il avait été capitaine de la garde de la famille, d'où sa connaissance de celle - ci et sa grande force. Il semblait garder une grande considération pour ses membres et notamment Verdrey. Il lui dit porter le tabard "en souvenir". Il dit aussi, entre autres paroles confuses, être d'une erre révolue, n'être personne. Il était à la fois doux et menacant, parlant avec amerture du passé mais semblant ne pas voir de présent ni d'avenir pour lui. Il lui révela son nom avec réticence, tout en la prévenant que si elle le mentionnait à un membre de la famille, cela ne risquait pas de susciter une bonne réaction.
Une fois sortie d'Ombrecroc et ayant salué Sievskoï, Ardence relégua ce moment au fond de sa mémoire, occupée à repousser sans relache les démons qu'on lui signalait de toute parts et affinant son talent de démoniste. Mais alors qu'elle discutait à l'auberge de la famille avec Solania, elle mesura la véracité des propos de Svieskoï. Elles se racontaient leurs aventures et elle mentionna de manière anecdotique sa rencontre avec Svieskoï. Solania sursauta : Svieskoï est censé être mort !

Ardence se ressaisit et redresse la tête, elle va aller trouver Diöm pour lui parler de cette rencontre puis elle va se reposer quelque temps. Elle n'a que trop négligé son apparence de bonne dame de famille, il faudrait qu'elle se couse une belle parrure. Qu'elle honte pour elle d'avoir du aller au mariage de Verdrey et Nyzan vétue d'une simple robe ! Cela ne se reproduira plus.

Ardence a été elevée dans le respect du principe suivant " Respecte ta famille et quoi que tu en penses, n'en dit que du bien" ou plus simplement "Sois hypocrite quand les circonstances l'exigent". Sentant qu'elle aurait du mal à appliquer cette sage sentence, et ne souhaitant pas risquer de déraper lors d'une discussion, Ardence a préféré s'isoler quelques temps dans un lieu retirée de tous.

Sa colère, montée progressivement tout au long de la soi - disant opération d'aide de Zerteal et qui a atteint un niveau d'éruption volcanique à l'annonce de la mort de celui - ci et surtout des congratulations des membres de la famille à cette nouvelle, aurait pu en effet avoir la facheuse conséquence d'entraîner un manque de courtoisie.

C'est donc cloîtrée dans la chambre de l'auberge qu'elle a louée qu'elle marmonne les sentences assassines qui lui viennent à l'esprit. Ah, elle est belle la famille qui en voulant aider un de siens, tente de tuer la personne qu'elle a accepté de l'aider à libérer. Certes, c'est une humaine et elle ne mérite donc guère mieux... Certes, il n'aurait tenue qu'à elle on l'aurait laissé moisir dans le trou où elle était...Certes... mais... On a accepté, bien qu'à contrecoeur, de l'aider à s'enfuir. Une parole donnée ne vaut donc rien ?

Et quel est donc cet étrange revirement d'Eleor qui quelques instants après lui avoir demandé de veiller sur Zerteal, visiblement inquiet pour lui, le jette d'une falaise... Folie ou leurre qui trouverait tout son sens au vu du soulagemment flagrant de la famille au décès de celui - ci...
Mérite t'on la mort sur un simple manque de discernement ? Il s'est entichée d'une humaine, pas des humains... Certes ce n'est pas très malin... Certes... Mais... les amitiés et haines entre Sin'Doreis et humains au cours de l'histoire n'ont guère été plus cohérentes que l'attitude de Zerteal. Ou Zerteal méritait - il moins de considération car il a été adopté par Verdrey ?

Mais on ne dit pas cela tout haut, alors Ardence coud et coud encore. Elle lit à s'en fatiguer les yeux jusqu'aux heures les plus sombres de la nuit. Elle coud et elle lit encore et encore, jusqu'à ce que sa colère s'éteigne et ne soit plus, au pire, qu'une lueur qui lui passera parfois dans les yeux lors d'une réunion familiale.
A l'annonce de la fête de la famille, Ardence prépare sereinement son départ. Devant son miroir, elle s'entraine à faire son sourire le plus mondain. Elle est fin prête à endosser son costume de jeune fille de bonne famille et à acquiesser, si c'est comme cela que ça marche, à la mort d'un de leurs membres... Certes... Mais... Il faudra qu'elle arrive à savoir... Qu'en a donc pensé Verdrey ?



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HRP : Voici la raison de l'absence RP d'Ardence depuis un bon mois, en HRP la joueuse entre des formations professionnelles, les fêtes et une reprise de boulot plutôt speed est vannée mais n'a pas lachée le jeu. A samedi soir la famille
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